Serge Federbusch
Culture ou culturisme ?
Tentant depuis quelques mois de masquer l'échec retentissant de son principal projet culturel, la mairie de Paris multiplie les événements en tous genres au 104, happenings de plus en plus éloignés de la vocation des lieux qui étaient censés mettre en contact direct artistes en train de "créer" et publics novices auxquels seraient ouverts leurs ateliers.
La dernière offensive de com' de la Voix de son maire, qui craint les questions sur l'utilité de ce ruineux paquebot, consiste donc à faire croire que la foule aurait enfin trouvé le chemin du 104.
Pour cela, elle y fourre tout et n'importe quoi comme des bibliothèques municipales le temps du festival "Paris en toutes lettres". Et elle réquisitionne des personnels qui enragent d'être ainsi transformés en décorations de vitrine.

Pas question d'échapper à la corvée qui permettra de gonfler les statistiques de fréquentation.
Déjà, au 104, le samedi matin on trouve désormais un marché bio ! Les habitants de la cité Curial toute proche apprécieront à sa juste valeur cette intrusion des moeurs alimentaires boboïsantes dans leur quotidien. Probable qu'ils continueront à faire leurs courses le même jour à Barbès, à des tarifs nettement plus abordables et au coeur d'une foule authentiquement populaire.
Comme on n'arrête pas les dérives et facéties du 104, on y saluera aussi l'apparition de cours de Qi Gong sous ses vastes plafonds. Les Parisiens vont retenir leur souffle !
Mais ce n'est pas grave, tout cela n'a coûté qu'environ 200 millions d'euros depuis le début ...